Derrière le faste des jeux olympiques se cache la menace tangible du changement climatique. Les jeux de 2024 se dérouleront à Paris, lieu hautement symbolique de la signature de l’accord international juridiquement contraignant sur le climat de 2015, qui fixe l’objectif de limiter l’augmentation de la température à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Le comité d’organisation de Paris 2024 a mis en œuvre une stratégie climat qui constitue une tentative encourageante de rendre les jeux plus écologiques. Cependant, une analyse approfondie de son contenu et de la communication associée soulève des questions fondamentales, et il devient clair qu’aucune édition des jeux olympiques ne peut vraiment être compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris – à moins que leur modèle ne soit fondamentalement revisité.
Bien que louable, la stratégie climatique de Paris 2024 visant à minimiser l’empreinte carbone de l’événement est incomplète et n’atteint pas un niveau de transparence optimal. Certes, elle fixe des objectifs et met en œuvre des politiques sensées dans des secteurs tels que la construction, l’approvisionnement alimentaire, les achats non alimentaires, le transport et la consommation d’énergie. Cependant, la stratégie climat des jeux pourrait être davantage détaillée et suivie au cours du temps, et pourrait faire l’objet d’une communication plus claire. Ce rapport recommande une clarté et une transparence accrue dans les méthodologies, une articulation claire des critères de durabilité, ainsi qu’une validation et un suivi rigoureux pour garantir l’alignement sur les objectifs climatiques mondiaux et améliorer l’efficacité des efforts de durabilité des futurs jeux olympiques.
Au fil du temps, la stratégie de communication autour des objectifs climatiques des jeux olympiques de Paris 2024 a évolué. Initialement, l’accent a été mis sur la “neutralité carbone” de l’événement, puis sur une allégation de “jeux à contribution positive pour le climat”. Ces deux affirmations trompeuses ont finalement été abandonnées. Toutefois, des incohérences subsistent entre la communication publique et la documentation technique concernant l’utilisation des crédits carbone et l’objectif de neutralité carbone de l’événement. La transparence sur les achats de crédits carbone n’est pas au rendez-vous, ce qui entrave la bonne compréhension du public et empêche une analyse correcte de la responsabilité environnementale de l’événement. En outre, de nombreux sponsors des jeux sont sur une trajectoire climat insoutenable ; l’incertitude quant à la prise en compte de critères climatiques lors de la sélection des sponsors est une occasion manquée d’influencer positivement la stratégie climat des grandes entreprises. En fin de compte, si les jeux olympiques veulent montrer l’exemple en matière de communication sur la durabilité, ils doivent démontrer publiquement des progrès mesurables, faire preuve de transparence et inspirer une adoption plus large de pratiques individuelles durables.
Les jeux olympiques sont attendus au tournant pour se réinventer à l’aune de la transition bas carbone, compte tenu de la petitesse du budget carbone mondial restant et de l’ampleur de l’empreinte environnementale de ce type d’événements. Pour s’aligner sur une trajectoire 1,5°C, il est nécessaire d’adopter des modèles alternatifs qui réinventent en profondeur l’organisation des jeux. Ces solutions comprennent la fixation d’un budget carbone compatible avec l’Accord de Paris, avec des trajectoires qui prennent en compte les profondes différences entre les villes et pays hôtes en matière de développement. Un nouveau modèle pourrait consister à répartir les épreuves olympiques dans différents pays afin de réduire la taille totale des jeux et de limiter au maximum les déplacements internationaux. Cela encouragerait la participation des spectateurs locaux, et permettrait à un plus grand nombre de personnes d’avoir accès aux jeux olympiques tout en réduisant leur empreinte globale. Ce modèle alternatif vise à renforcer l’inclusivité, à réduire la demande en infrastructures et à améliorer l’expérience globale des jeux. Bien qu’elle ne soit pas prescriptive, cette proposition invite le Comité international olympique à repenser les jeux dans une vraie optique de durabilité, et à inspirer une transformation à la hauteur des enjeux.